« Les autorités sénégalaises devraient organiser l'élection présidentielle ce mois-ci comme prévu au lieu de la retarder de 10 mois », a déclaré, mardi, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette déclaration intervient au moment où que le bureau des Droits de l'homme des Nations-Unies a exprimé son inquiétude quant à cette décision sans précédent dans l'une des démocraties les plus stables d'Afrique.
Le président Macky Sall a reporté le scrutin du 25 février en invoquant un différend électoral entre le Parlement et le pouvoir judiciaire concernant certaines candidatures. Cette décision a été rejetée par l’opposition, la classe politique ainsi que la société civile qui la qualifient de "coup d'État".
"Nous sommes déçus par mon pays. Nous étions une grande démocratie. Aujourd'hui, nous risquons d'être la risée des autres pays" a déclaré Moustapha Kane, un Enseignant de la capitale.
La CEDEAO, qui s'est efforcée de contenir la multiplication des coups d'État dans la région, a encouragé la classe politique à "prendre des mesures urgentes pour rétablir le calendrier électoral conformément aux dispositions de la Constitution sénégalaise".
Cette crise survient à un moment où cette organisation ouest-africaine se bat pour conserver ses membres. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger se sont retirés la semaine dernière après avoir accusé cette dernière de sanctions "inhumaines" en réponse à des prises de pouvoir militaires.
"La CEDEAO est incohérente. Elle ne peut se contenter de condamner les coups d'État militaires et de menacer d'intervenir tout en tolérant un comportement politique irresponsable dans d'autres contextes" a martelé Oluwole Ojewale, Analyste à l'Institut d'études de sécurité centré sur l'Afrique. Selon lui, le bloc ouest-africain doit limiter son ingérence dans la politique des pays membres ou étendre son rôle de supervision.
A.N / JOLIBA FM
Crédit photo : TV5MONDE
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